La truite > le moustique.

Pour décrocher un emploi (… ou un stage), il s’agit souvent de faire bonne impression, de montrer son caractère, de veiller à être dès l’entame dans les petits papiers de l’employeur. Bref – et après ça, j’arrête d’abuser du champ lexical – il faut savoir tremper sa plume dans le négrier. 
Voici donc ma lettre – dite “de motivation” – visant à accrocher l’attention et décrocher une réponse de Jean-Luc Cambier, rédacteur en chef du (Télé)Moustique. L’objet de la sollicitation : à court terme, un stage – à long terme, une collaboration intermittente. Nous sommes en septembre 2010.

Résultat: \o/

——————————————————————————————————

 

Stage : n.m. (du lat. statica: être debout, ne pas avoir de chaise)

Occasion pour un employeur d’embaucher durant une période déterminée, un jeune adulte – non rémunéré – résolu à se lancer dans la vie professionnelle, pour un travail qui pourrait être accompli par un employé rétribué à hauteur d’environ 1500 euros par mois, père de famille et à charge de cinq enfants. Les différentes tâches demandées au stagiaire seront successivement de : servir le café, faire les photocopies, trier les archives, s’occuper du courrier, tenir la porte de l’ascenseur, ne pas donner son avis ni prendre d’initiatives. En période de récession ou dans un souci de rentabilité, le stagiaire pourra accéder à de nouvelles responsabilités telles que : décharger les livraisons, s’occuper du ménage, garer la voiture de l’employeur, commander les sushis de la pause-déjeuner, envoyer les invitations pour la fête du personnel, etc.

Pour l’employeur, un stage, c’est l’opportunité d’exploiter gratuitement le jeune travailleur sans avoir de syndicat sur le dos, permettant ainsi de substantielles économies et l’augmentation du budget « Sushis ».
Pour le stagiaire, c’est l’occasion de nouer des contacts professionnels, c’est-à-dire : sourire ; prendre (servir) un café en compagnie du chargé des ressources humaines ; être ajouté à la mailing list ; sourire ; rappeler au patron que vous vous appelez Bertrand, pas Bernard ; sourire ; échanger votre numéro avec la jeune fille 85C du 3ème ; sourire ; et enfin, flatter.

Un stage. C’est donc ce à quoi je postule par la présente. Au-delà des tâches évoquées ci-dessus, les services que je vous propose sont ceux que vous rencontrez à l’instant en lisant ces quelques lignes. Et cela, tant au niveau du ton que de la forme. Partant d’un mot, puis d’une définition et d’une étymologie que je qualifierais toutes deux de « libres », j’arpenterai les méandres de l’actualité dans un billet d’humeur à contre-pied, de façon décalée, tranchante et – je l’espère – parfois caustique, telle une truite remontant le courant (si j’utilise cette métaphore, c’est parce que j’aimerais que vous mordiez à l’hameçon).
Avec l’intention que l’actualité, comme l’étymologie, en perde son latin.

Au gré de mon humeur et du courant donc, je me ferai un plaisir, par exemple, de mettre le feu aux poudres dans l’affaire Jean-Luc Delarue. Ou de déterrer la saga des mineurs chiliens. Ou encore de prendre à revers (pour ne pas dire, par derrière) les arguments de l’Eglise dans leur scandale de pédophilie. Ou trouver une solution à BHV (vite fait).
Et je ne pourrai probablement pas éviter d’évoquer la polémique sur les gens du voyage : tous les chemins mènent aux Roms…

Bref, que vous aimiez la pêche ou non, n’hésitez plus, je suis la truite qu’il vous faut.
Par ailleurs, je tiens à vous signaler que je suis un lecteur assidu de votre magazine : lors de l’opération Tauro, j’en ai acheté 50 exemplaires !

Au fait, mon prénom ce n’est pas Bertrand, ni Bernard. Je m’appelle Pierre.

En espérant que vous me laisserez voler de mes propres nageoires,

Bien à vous,

Pierre Scheurette.

PS : vous prenez du sucre dans votre café ?

Laisser un commentaire